État civil : Marie Gabriel Maurice DELOTZ
La Voix des Morts :
Le cimetière dresse à l’horizon ses croix.
Sur la ville qu’endeuille un ciel triste d’autonome
Le vent pleure et gémit sa chanson monotone.
Ce sont les trépassés qui parlent par sa voix.
Ils clament leur détresse et disent leurs émois,
Les pauvres délaissés, implorant qu’on leur donne
Un pieux souvenir et, plus qu’une couronne,
Une oraison fervente, une larme parfois.
Et le vent sur la ville égrène cette plainte
Qui décroît par instant et semble presque éteinte…
Etends-tu leurs sanglots, ô vieille humanité ?
Exauce leur appel, pratique la clémence !
Alors tu reconnaîtras, la mort est la semence
D’où germe la moisson de l’immortalité.
Novembre 1910
Naissance : 15/10/1893 à Thiers
Décès : 09/11/1915 à Somme-Suippe (Marne)
Nationalité : française
Activité : avocat ou juriste
Statut : engagé volontaire.
Sous-lieutenant
Matricule : 857 (Classe : 1913)
Mobilisé à Riom
Décorations :
Chevalier de la légion d’honneur
Cité à l’ordre de l’armée
Mort pour la patrie
Blessures de guerre :
« Intoxiqué » (terme mentionné dans la fiche décès de Maurice Delotz, sur le site Mémoire des hommes : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_morts_pour_la_france_premiere_guerre/detail_fiche.php?ref=383060&debut=0)
Présentation
Né le 15 octobre 1893 à Thiers de Louis Annet Delotz (1862-1949) et Jeanne Costilhes (1869-1937), il grandit à Thiers avec son frère Henri Delotz mort prématuré (1890-1893) et sa sœur Alice Marie Gabrielle Delotz (1895-1985). Les nombreuses biographies qui le décrivent font part de qualités ancestrales qu’il aurait héritées de ses Pères : assiduité au travail, amour de la terre, dévouement au bien public, ardente charité, le culte pour les lettres et la recherche curieuse des mœurs et des choses du passé. C’est surtout l’emprise de la tradition familiale qui est décisive pour lui. La première lettre montre le jeune Maurice très impliqué dans le catéchisme, annonçant avec gourmandise sa piété futur. Il l’acquiert et la nourrit lors de son passage en troisième à l’Institution Sainte-Marie en octobre 1906 où déjà son père et son oncle avaient étudié. Il est un élève brillant qui excelle dans de nombreuses matières : du latin au français en passant par l’histoire et les sciences. Pourtant, il fixe ses préférences en pratiquant la poésie et l’histoire[1]. Après l’obtention de son baccalauréat en 1910, il s’oriente vers des études de droit pour faire sa prestation de serment d’avocat le 30 mars 1914. Qualifié de « poète, d’historien, ou encore d’artiste »[2], ces diverses publications dans divers domaines lui attirent les louanges dépassant la contrée thiernoise, passant par des membres de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Clermont-Ferrand. Ils le nomment correspondant en janvier 1914 à l’âge de vingt ans. Quelques mois plus tard, la guerre est déclarée. Enthousiaste selon ses proches, il est déclaré apte pour partir à Rodez en affectation dans le 122e régiment d’infanterie. Très vite, on l’envoie à Montpellier pour tenter le concours d’élève officier qu’il réussit en janvier 1915. Affecté dorénavant au 142e régiment d’infanterie, il est désigné le 2 mai pour commander une escorte au front de Champagne dans le but de servir en première ligne. Son énergie sur le champ de bataille est appréciée de ses supérieurs qui le nomment au grade de sous-lieutenant le 22 septembre 1915. Le 30 octobre, alors que lui et ses hommes défendent le secteur de l’ouest de Tahure (Marne), l’ennemi attaque avec des gaz suffocants. Grièvement touché, Maurice Delotz est envoyé à l’hôpital. Il survit jusqu’au 9 novembre, où à 6 heures du matin il s’éteint en ayant le sentiment d’avoir fait tout son devoir. Sa mort digne et son courage offrent aux biographes de Delotz une manière glorieuse de reprendre les mots d’un colonel : « A fait preuve de la plus grande énergie et d’un sentiment du devoir très élevé en restant jusqu’à épuisement complet au milieu de nuages très épais de gaz asphyxiants pour encourager par sa présence les hommes de la section ».
Sa mort est pour certains l’occasion de le rapprocher des saints : « mais au-dessus des tragiques surprises de sa destinée planait, en son uniforme beauté, le sens du devoir que partout il portait avec lui, et grâce auquel sa jeunesse – un âge où, sous couleur de liberté, d’autres s’abaissent, – s’était lentement élevée, d’une ascension calme et simple, vers les cimes divines[3] ».
[1] Pour l’histoire, Maurice Delotz a produit deux travaux sur sa famille que l’on peut qualifier d’historique : respectivement, Prosper Marilhat (1811-1847), visite chez son neveu, Thiers, imprimerie Favyé, mais aussi
Deux volontaires : Genest Delotz (1769-1806) ; Grégoire Delotz (1779-1866), Imprimerie Favyé, 1911.
[2] Le sous-lieutenant Maurice Delotz du 342ème d’infanterie », 1914-1918, Livre d’or de l’Institution Sainte-Marie de Riom, Thiers, imprimerie Favyé, 1921.
[3] GOYAU Georges – Conclusion de la préface du bel ouvrage de M. E. Everat, Une âme de devoir : Maurice Delotz, édité en 1918, par la Librairie Favyé à Thiers.
Fiche réalisée par : Darras Jérémy